Corps et pénitence : Les carmélites déchaussées espagnoles (ca 1560 - ca 1640)

Cilices, haires, disciplines sont les instruments oubliés d'une macération de la chair omniprésente dans le catholicisme tridentin, mais devenue complètement anachronique aujourd'hui. Chez les carmélites déchaussées de Thérèse d'Ávila qui sont au coeur de cet ouvrage, comme dans d'autres ordres religieux qui se caractérisent par leur austérité, on se flagelle avec vigueur et en déployant des trésors d'ingéniosité pour accroître ses peines, on ingère des immondices pour signifier sa déchéance, on fait couler le sang en abondance pour se réclamer de l'imitatio Christi, ou pour édifier ou impressionner les autres. Loin de vouloir mettre en avant les pires images de la légende noire espagnole, ce livre s'attache à dégager les logiques spirituelles, culturelles et sociales de ce dolorisme assumé mais complexe et contradictoire.

Esta obra es un análisis antropológico e histórico de ciertas prácticas hoy en día consideradas anacrónicas: las mortificaciones corporales de las religiosas —autoflagelaciones sangrientas, ayunos...— en una perspectiva de historia social y cultural, de historia de genero e historia de las mujeres más que de historia de la espiritualidad. Propone un análisis de las contradicciones y de las tensiones que dieron lugar a estas prácticas, tensiones que aún se encuentran en el catolicismo contemporáneo.

Préface de Denis Crouzet
Introduction
I — Le corps : de l’émerveillement à la chute
La merveilleuse composition du corps : regarder le corps pour contempler Dieu
Le corps en mouvement : de l’émerveillement à l’angoisse
II. — La purification inachevée
Les transformations du corps mortifié
S’abstraire du monde
III. — L’appropriation de l’angoisse
Les abîmes confuses de la faute
Le rachat par le corps
IV.— La réinvention de la tradition
La réitération tronquée des sacrifices passés
Le corps et la rumination des textes
V. — La régulation de la ferveur
Normer le zèle
Les contradictions du travail du corps
VI. — Beautés voilées : la mortification des apparences
Les fondements douloureux de la beauté monastique
La dynamique de l’expulsion des apparences
VII. — Corps et hiérarchie sociale
Les voies de la distinction
Faire corps : la communauté et la règle
Conclusion